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seconde guerre mondiale - Page 4

  • Bérénice 34-44 d'Isabelle Stibbe

    Bérénice 34-44

    de

    Bérénice Stibbe

    bérénice 34-44, isabelle stibbe, livre de poche, prix des lecteurs sélection 2015, premier roman, littérature française, Comédie-française, théâtre, roman sur le théâtre, seconde guerre mondiale

    "Elle ne racontera pas les regards entendus, les sourires de connivence. "Il n y a pas de hasard", "C'était forcé", autant de formules attrapées au vol des centaines de fois, inaugurant la légende familiale selon laquelle l'appel du théâtre, qui fondit sur elle à six ans et qui dès lors ne la quitta plus, surgit de son prénom: Bérénice."

    Depuis son plus jeune âge, Bérénice Kapelouchnik, dite Capel, est éblouie par le monde du théâtre. Elle rêve même d'embrasser la carrière de comédienne mais se heurte à la résistance de ses parents. Bravant leur interdit, elle passe le concours du Conservatoire à tout juste 15 ans. Reçue première, elle quitte le foyer familial pour vivre sa passion.

    Des cours de Louis Jouvet à la scène de la Comédie française, il n y a qu'un pas....Et Bérénice de Lignières (le nom qu'elle s'est choisie) semble rencontrer tous les succès...

    Mais l'Histoire va la rattraper...Et, en ces heures sombres d'Occupation, il faut bien savoir choisir son camp...

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    Ce premier roman, je l'avais remarqué sur le blog de ma copinaute Bianca. Aussi, quand il est arrivé à la médiathèque, j'ai eu très envie de m'y plonger.

    Dès les premières pages, j'ai été happée par l'intrigue.

    Avec beaucoup de talent, Isabelle Stibbe retrace le parcours fictif d'une jeune femme dans l'univers théâtral. On la suit ainsi de ses premières auditions à ces premiers cours, de ses premières figurations à ces premiers rôles....Cette ascension fulgurante, elle la doit non seulement à sa beauté, mais à son talent. Et à son amour hors normes pour la scène.

    "Écoute Comédie-française, fais que je sois engagée, tu es la seule, l'unique, pour toi je sacrifierai tout, jeunesse, famille, enfants, qu'importe si tu me permets d'accéder à toi, de faire partie des tiens."

    Une religion du théâtre qui sert de fil conducteur à toute l'action de cet ouvrage. Rencontres, choix personnels, engagement: tout dépend des dieux de la comédie et de la tragédie.

    On est forcément fascinés par ce jusqu'au boutisme, ce sacrifice perpétuel pour l'art, cet égoïsme aussi dans ses relations...

    Car Bérénice ne laisse pas indifférent ceux qui l'entourent. De son père Maurice Capel au poète/avocat Alain Béron, en passant par Nathan Adelman, le compositeur, tous se brûlent à la flamme de ce papillon incandescent.

    Sur sa trajectoire, notre héroïne croise également de grands noms tels que Louis Jouvet, Marie Bell, Véra Korène, Marc Allégret...

    L'occasion pour notre auteur de brosser un tableau du monde artistique de cette période charnière. Et de nous montrer l'évolution de la Comédie-française lors de l'Occupation.

    Car ce théâtre/refuge pour Bérénice peut se transformer en monstre. En effet, très vite, des questions se posent au sein de cette institution: faut-il accepter le diktat des Allemands, à savoir l'absence de Juifs dans les distributions? Doit-on renoncer à des grands noms pour ré-ouvrir?  Chacun doit faire ses choix.

    Amour de la scène, engagement de l'artiste, attentisme, résistance, politiques d'exclusion des Juifs constituent donc autant de thématiques de ce roman dense, foisonnant, passionnant, en trois actes.

    Trois actes où la tension dramatique ne cesse de monter...Grâce au déroulé de l'intrigue bien entendu mais grâce aussi au style d'Isabelle Stibbe. Elle se joue de son lecteur en annonçant parfois que Bérénice pourra raconter son histoire à ses enfants ou, au contraire, qu'elle ne pourra pas...Et le dénouement, forcément, surprend...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup aimé ce portrait de femme confrontée à la tourmente de la Seconde Guerre mondiale.

    Le Livre de Poche, 2014, 355 pages

     

     

     

  • Les Souliers rouges, tomes 1 & 2

    Les Souliers rouges, tomes 1& 2

    de

    Cousseau & Cuvillier

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    "La vie ne tient qu'à un fil, affirme le dicton, un fil fragile et lent comme celui de l'eau"

    Ainsi débute cette histoire,à Saint-Nicolas-du-Pélem, un petit village breton, en juin 1944. On y fait la connaissance de Jules, un jeune homme qui améliore l'ordinaire familial en braconnant ou pêchant.

    C'est d'ailleurs en laissant échapper un poisson qu'il fait la connaissance de Georges, un Russe blanc émigré, qui a décidé de s'installer dans le château de ses amis.

    Immédiatement, une forte relation d'amitié se noue entre ces deux hommes.

    "Les coïncidences n'existent pas. Il y a seulement des chemins que nos inconscients désirent voir se croiser..."

    Mais en cette période troublée, la vie tient à peu de choses et nos héros vont en faire l'amère expérience lors de l'arrivée d'un bataillon allemand...

    "Si on s'en sort, je te promets de faire Paris-Moscou aller et retour, déguisé en lapin blanc chaussé de bottines rouges"

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    Cette œuvre, je l'ai reçue vendredi dernier à la médiathèque et elle fait partie des premières que j'ai désirées entamer. J'ai d'ailleurs dévoré ce dyptique en très peu de temps.

    S'inspirant de faits réellement vécus par son beau-père, Gérard Cousseau a réussi à créer une intrigue qui entremêle habilement la grande et la petite histoire.

    Dans le contexte particulier du débarquement, il évoque le quotidien d'un petit village, bouleversé par l'arrivée des Allemands. Ces derniers entendent faire le ménage et vont faire appel aux miliciens pour les seconder dans leur tâche. Rien n'est épargné aux lecteurs: les scènes d'interrogatoire, de torture, de pendaison, de violences sur la population civile se succèdent.

    Au fil de la plume et des dessins du tandem Cousseau&Cuvillier, on revit ainsi les heures sombres de l'Occupation. Mais toujours sans manichéisme. De chaque côté, on côtoie les êtres les plus vils comme les plus bons. Car tout le monde a été emporté par le flot de la guerre.

    La guerre comme révélateur du caractère de chacun donc

    La guerre comme moyen de se rencontrer aussi et de grandir. Face à ces heures sombres dépeintes dans les deux volumes, subsistent en effet des bulles de gaieté. Celles de deux amis tout récents qui se promènent dans les bois ensemble, qui apprennent l'un de l'autre et qui se protègent.

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    Comment ne pas tomber sous le charme de Georges, cet être si atypique: un érudit, un homme fidèle à ses convictions et qui a dû quitter sa partie, un homme qui se sacrifie pour ceux qu'il aime....et qui porte de magnifiques souliers rouges...?

    Les pages se tournent toutes seules, on est tour à tour horrifiés, émus, choqués, amusés...Et là réside le talent de Gérard Cousseau: avoir su créer une histoire originale qui fait la part belle à l'amitié alors que tant de choses ont déjà été dites sur cette période troublée.

    A cette trame réinventée se superposent les dessins de Damien Cuvillier. Des images à la fois d'un graphisme réaliste et tout en finesse qui accompagnent à merveille cette chronique en temps de guerre.

    Bref, vous l'aurez compris: je vous recommande fortement cette bande dessinée historique.

    Bamboo, collection Grand angle, 96 pages, 2015 & 2015

     

     

  • Irmina

    Irmina

    de

    Barbara Yelin

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    « Regardez…là-bas à l’horizon…cette bande sombre ! Je crois que c’est ça ! C’est l’Angleterre ! »

    Milieu des années 30, Irmina, une jeune Allemande, se rend à Londres pour y commencer une formation de secrétariat international. Elle y fait la rencontre d’un étudiant d’Oxford, le charmant Howard. Mais leur relation se révèle très compliquée car, en raison de sa couleur de peau, le jeune homme est en butte aux préjugés et aux lazzis.

    Face aux changements politiques dans son pays natal, Irmina est contrainte de se séparer de son amant et de rentrer.

    Elle intègre alors l’administration national-socialiste, avec toujours l’espoir secret d’obtenir un fameux sésame pour l’Angleterre.

    Mais le tourbillon de l’histoire l’emporte. Vient le temps des choix décisifs. Irmina est-elle prête à sacrifier son confort au nom d’idéaux ?

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    J’avais remarqué ce roman graphique car il a reçu le prestigieux prix Artemisia (décerné à une femme auteur de bandes dessinées chaque année). Et l’avis d’Emjy n’a fait que me conforter dans mon envie de le parcourir.

    Sur quelques 300 pages, on part sur les traces d’Irmina. De jeune femme ambitieuse et affirmée à retraitée de l’enseignement, on suit son évolution, entre renoncements et engagements. C’est passionnant de voir à quel point les décisions que nous faisons peuvent nous éloigner du bonheur ou de nos convictions de jeunesse.

    De même, cet album s'interroge sur la notion d'intégrité face aux événements historiques.

    Car Irmina va céder aux sirènes du national-socialisme. Par envie de posséder un intérieur douillet….De ne manquer de rien…

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    Un portrait fouillé et sans concession, reflet de tous ceux qui n’ont pas dit non et sont devenus complices passifs sous le régime nazi.

    Un destin tragique sublimé par les crayonnés de Barbara Yelin.

    Un album qui nous questionne profondément.

    Bref, je ne saurais que vous recommander de vous plonger dans cet ouvrage ambitieux et très bien documenté. Laissez-vous emporter par cette trajectoire de vie, par cette valse qui oscille sans cesse entre bonheur et malheur, entre combat et attentisme.

    Actes Sud, 2014, 288 pages